Introduction : la donnée, nouvel or noir
On a longtemps parlé de la donnée comme du « pétrole du XXIᵉ siècle ». Mais à la différence du pétrole, la donnée est infiniment reproductible, transférable et manipulable. Elle constitue le cœur de l’avantage compétitif d’une entreprise, qu’il s’agisse de fichiers clients, de secrets industriels ou de simples tableaux de bord internes.
Avec l’intégration accélérée de l’intelligence artificielle (IA) dans les organisations, cette donnée circule plus vite, à travers plus de canaux, et souvent en dehors des murs de l’entreprise. Chaque usage de l’IA – du chatbot au moteur de recommandation – implique une forme d’exposition. La question n’est donc plus de savoir si vos données doivent être sécurisées, mais comment.
Les nouveaux risques liés à l’IA
1. La multiplication des points d’entrée
Chaque modèle d’IA, chaque API, chaque connecteur est une porte potentielle. Là où une entreprise utilisait autrefois quelques systèmes fermés, elle en interconnecte aujourd’hui des dizaines. Un chatbot connecté au CRM, une analyse automatisée des factures, un service cloud qui entraîne un modèle… Autant de maillons qui élargissent la surface d’attaque.
2. L’opacité des modèles tiers
Beaucoup d’outils IA reposent sur des modèles externes (ChatGPT, Claude, Gemini, etc.). Les données envoyées pour traitement quittent temporairement le périmètre de l’entreprise. Même si les fournisseurs promettent confidentialité et non-exploitation, le risque reste réel, surtout dans les environnements critiques (santé, finance, défense).
3. Les biais et fuites involontaires
Un modèle d’IA mal entraîné peut divulguer par inadvertance des informations sensibles apprises dans ses données d’entraînement. Des cas ont déjà été signalés dans lesquels des employés saisissaient du code propriétaire dans un chatbot, et voyaient ce code réapparaître plus tard dans une réponse donnée à un autre utilisateur.
Cadres réglementaires en évolution
La sécurité n’est pas seulement une bonne pratique, elle devient une obligation légale.
- RGPD (Europe) : impose des principes de minimisation et de traçabilité. Les usages IA doivent démontrer la proportionnalité du traitement.
- Loi 25 (Québec) : introduit des règles strictes sur le consentement, la gouvernance des données et la transparence des traitements automatisés.
- Directive NIS2 (Europe, 2024) : oblige les entreprises critiques à renforcer leur cybersécurité, y compris pour les services externalisés.
- AI Act (Europe, 2025) : classe les systèmes IA selon leur niveau de risque et impose des obligations accrues en matière de sécurité, de transparence et d’audit.
👉 L’impact concret : ne pas sécuriser ses flux IA, ce n’est pas seulement courir un risque technique, c’est s’exposer à des sanctions financières et réputationnelles.
Quand la perte de contrôle coûte cher
Quelques exemples récents :
- Une grande entreprise industrielle a vu ses plans confidentiels fuiter après que des collaborateurs les ont chargés dans un outil d’IA gratuit pour “résumer” un document.
- Une banque européenne a découvert que son chatbot interne répondait à des clients avec des données extraites d’anciens tickets support contenant des informations nominatives.
- Une PME de services a subi une fuite indirecte : un prestataire tiers stockait des données sur un serveur mal configuré, exploité ensuite par un attaquant.
Ces incidents ont coûté bien plus cher que les seules sanctions : perte de confiance des clients, ralentissement commercial, mobilisation de ressources pour la gestion de crise.
Bonnes pratiques pour sécuriser l’usage de l’IA
1. Cartographier les données stratégiques
Toutes les données ne se valent pas. Identifier ce qui relève du stratégique (R&D, brevets, fichiers clients), du sensible (RH, finances), et de l’opérationnel (logistique, process internes) permet de définir des niveaux de protection adaptés.
2. Mettre en place une gouvernance claire
- Définir un responsable IA/données au sein de l’organisation.
- Créer des protocoles d’usage (ce qui peut être confié à l’IA, ce qui ne doit jamais l’être).
- Sensibiliser les équipes aux risques (former les collaborateurs est souvent plus efficace que d’ajouter une couche technologique).
3. Privilégier des solutions souveraines et locales
Choisir des hébergeurs locaux ou des solutions d’IA souveraines (en Europe ou au Québec) permet de garder une meilleure maîtrise juridique et technique. En fonction de vos besoins, vous pouvez également envisager d’héberger vos propres models afin de garantir un cloisonnement complet.
4. Sécuriser les flux techniques
- Chiffrement systématique des échanges.
- Journalisation immuable des interactions avec l’IA.
- Cloisonnement des environnements d’entraînement et de production.
- Utiliser ou Développer des outils d’anonymisation des données (basé sur les spécificités de l’entreprise) avant de les confier aux IA.
5. Audit et traçabilité continue
L’IA n’est pas un projet figé. Les modèles évoluent, les usages aussi. Instaurer des audits réguliers, des journaux cryptographiquement liés et des mécanismes de preuve active de légitimité devient essentiel.
Conclusion : la sécurité comme pilier de la compétitivité
Sécuriser l’IA n’est pas seulement une contrainte réglementaire. C’est un facteur clé de compétitivité. Les entreprises capables de garantir à leurs clients et partenaires que leurs données restent confidentielles et protégées auront un avantage considérable.
La vraie question n’est donc pas “pouvons-nous sécuriser l’IA ?” mais “voulons-nous faire de la sécurité un levier de confiance et de différenciation ?”

Joliredacteur
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